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13.05.2024

Ces bâtiments que nous ne verrons probablement jamais

Planifié et oublié ? Tel était le destin de plusieurs projets de constructions passionnants dans le passé Techniquement impossibles ou victimes des circonstances, de nombreux bâtiments intéressants n'ont jamais vu le jour. Quelle est leur histoire ? Sera-t-il jamais possible de les voir un jour sortir  de terre ? Découvrez-en plus ici !

Dans notre blog, nous avons déjà traité de nombreuses structures impressionnantes. Notre monde regorge de bâtiments à couper le souffle, ou dont les particularités nous laissent sans voix. Nous sommes souvent confrontées à la question suivante : Comment des gens peuvent-ils construire une telle chose ? Le développement de notre technologie, également dans le secteur de la construction, continue de faire progresser et nous ouvre toujours plus de nouvelles possibilités.

En fait, il y a toute une série de projets de construction qui étaient prévues, mais qui n'ont jamais atteint la phase suivante. Pour diverses raisons, ils n'ont jamais dépassé la planche à dessin. Cet article se penche sur certains de ces projets et les raisons pour lesquelles ils n'ont pas dépassé la phase de planification.

Tour Tatline (Russie)

Monument à la Troisième International

La conception des bâtiments déploie souvent une grande créativité. C'est particulièrement vrai lorsque l'architecte qui conçoit le projet est également un artiste et laisse sa fibre artistique pénétrer son travail.

Au début du XXe siècle, ou pour être plus précis, en Russie, à la fin des années 1920, où l'heure était à l'espoir pour l'avenir. Après la chute des Tsar, le pays a été marqué par de grands changements. Cela se reflète également dans l'architecture contemporaine.

La révolution russe a favorisé l'émergence d'un nouveau style architectural : Le constructivisme a commencé à gagner en influence. Ce sont des bâtiments rationnels et sobres en acier industriel qui ont émergé.

L'architecte et artiste Vladimir Tatline a conçu une structure qui devait servir de siège à la Troisième Internationale. Il s'agit de la troisième organisation internationale des partis socialistes et communistes ayant été fondée à ce moment. L'objectif était cette fois-ci de créer un gouvernement de transition.

Tatline a travaillé deux ans sur la conception de cette structure monumentale. Cette tour en forme de spirale de verre et d'acier, légèrement inclinée, devait avoir différents usages. Elle devait aussi avoir de la place pour des salles de conférence, un centre d'information, une station de radio et un observatoire.

Il s'agissait de créer, non seulement une prouesse architecturale, mais aussi un symbole de la révolution, qui témoigne de la supériorité du communisme. La tour Tatline était sans doute l'un des plus importants concepts architecturaux du 20e siècle. Cependant, elle n'a jamais été construit.

La Troisième Internationale fut rapidement dissoute sous l'autorité de Staline. Les coûts de cette structure étaient démesurés, sans parler du fait que, techniquement, cette structure était tout simplement irréalisable, et elle l'est toujours aujourd'hui, même avec des moyens bien plus avancés qu'à l'époque. Le modèle original présenté par Tatline à la Troisième Internationale n'existe plus, mais des copies impressionnantes ont été réalisées.

Ce projet aurait pu être complété à un moment ou un autre, avec quelques ajustements, ce qui lui manque serait plutôt la motivation et la volonté de déterrer un projet architectural vieux de plus de cent ans. Il s’agit ainsi probablement d’une idée vouée à rester dans les cartons.

X-Seed 4000 (Japon)

Au Japon, la majorité de la population réside dans les grandes villes. L'espace de vie est donc un bien très rare, il est actuellement inférieur à 20 m² par personne. Il est donc normal que le Japon ait décidé de prendre de la hauteur.

Il n’est ainsi pas surprenant que ce soit à Tokyo qu’a été imaginé le plus grand bâtiment au monde. X-Seed 4000 a été conçu dans les 1990 par les architectes et ingénieurs japonais de chez Taisei Corporation. Ce géant devait dominer tous les gratte-ciels du monde du haut de ses 4000 mètres !

La structure en forme de A rappelle une Tour Eiffel modifiée. Cette pyramide devait inclure appartements, bureaux, commerces, loisirs, une ville dans la ville, en somme. Un projet vraiment unique ! Malheureusement, il n’a jamais été implémenté. Les raisons sont diverses, mais tournent autour du même aspect : la faisabilité.

Malgré les technologies modernes, il est tout simplement impossible de construire si haut. Un des problème est de trouver le bon matériau. Les influences environnementales du vent, de la pluie et surtout des séismes sont très importantes au Japon. Dans le cas d'un gratte-ciel, il existe différentes méthodes pour contrer cette influence, mais la question aurait été toute autre pour le X-Seed 4000.

Même s’il avait été possible de construire un tel bâtiment, résistant au vent et aux séismes, le coût aurait été aussi gigantesque que le bâtiment. Le temps de construction aurait probablement assuré que les ressources financières nécessaires continuent d’augmenter.

Au final, ce projet en est resté à l’état de concept pour répondre au besoin croissant d’espace de vie dans la capitale du Japon. Il est fort probable que la construction d’une telle structure devienne techniquement possible, à un moment donné. Le X-Seed 4000 sera-t-il construit un jour ? Nous avons hâte d’en savoir plus !

Palais des Soviets (Russie)

Le Palais des Soviets est un autre exemple intéressant de structure architecturale qui n’a jamais vu le jour. Revenons en Russie. À la fin des années 1920 et au début des années 1930, des plans pour un palais monumental devant servir de siège au gouvernement de l’URSS à Moscou ont été conçus. Il s’agissait de célébrer le communisme après une révolution glorieuse et la chute des tsars, avec l’un des plus grands bâtiments au monde.

Après la prise du pouvoir par Staline, d’anciennes structures de l’époque des tsars ont été démolie afin de faire de la place pour bâtir le nouveau Moscou. La Cathédrale du Christ-Sauveur a été de ces bâtiments que le chef de l’État soviétique a trouvé trop encombrants. Elle a donc été démolie pour construire le Palais des Soviets. Cependant, ce colosse de plus de 400 m de haut n’a jamais vu la lumière du jour, du moins pas complètement.

Bien que la construction a commencé dans les années 1930, ce projet de construction a été mis sur pause à cause de la Seconde Guerre mondiale. À la Seconde Guerre mondiale a succédé la Guerre Froide, et dans cette situation, l’URSS manquait de moyens financiers et matériels pour poursuivre ce projet pharaonique (en plus d’avoir d’autres propriétés au vu du nouveau contexte géopolitique). De plus, les moyens technologiques disponibles à l’époque ne permettaient pas aux ingénieurs de bâtir le Palais des Soviets tel qu’il avait été conçu.

Une planification décidée par le gouvernement, par des personnalités politiques n’a pas suffisamment prêté attention à des problèmes tels que le sol inadapté ni à la faisabilité générale du projet. De nombreux bâtiments à travers le Monde ont malheureusement partagé ce destin.

Le projet a fini par être abandonné, la cathédrale du Christ Sauveur a finalement été reconstruite à cet emplacement dans le cadre du Kremlin. La Palais des Soviets, quant à lui, rejoint une longue liste de bâtiments qui n’ont jamais été construits. Aujourd'hui, le siège du pouvoir est situé à Moscou dans l’historique Palais du Kremlin.

Cénotaphe pour Isaac Newton (France)

Encore une fois, il s’agit d’une structure monumentale qui n’a jamais pu être construite. Contrairement aux exemples précédents, cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un projet politiquement motivé. Étienne-Louis Boullée est certainement connu de beaucoup de passionnés d’architecture.

En tant que représentant principal de l’architecture de la Révolution française, il est connu pour ses concepts de bâtiments surdimensionnés aussi proches de la réalité que la Terre l’est du Soleil. Nous pouvons facilement le deviner au titre du projet, il s’agit d’un monument en hommage au célèbre scientifique Isaac Newton.

En 1784, Boullée a conçu une structure circulaire en forme de dôme ouverte en son sommet. Cela rappelle beaucoup la construction d’autres bâtiments célèbres, tels que le Panthéon. À titre de comparaison : Le dôme de cet ancien monument mesure environ 45 mètres, alors que le cénotaphe en hommage à Isaac Newton était supposé faire plus de 150 m de haut ! Au 18e siècle, une structure aussi gigantesque était tout simplement irréalisable.

L’architecte Boullée planifiait un vaste ensemble de poteaux de 3 km de diamètre entouré de murs hauts autour de ce bâtiment. Même si cette structure pharaonique n’a jamais pu dépasser le stade de projet, elle est considérée comme un jalon dans l’Histoire de l’architecture. Après tout, il s’agissait probablement du plus grand bâtiment de style néo-classique conçu à cette époque.

C’est le sempiternel manque de moyen à la fois techniques et financiers et de matières premières qui a eu raison de ce projet de Titans. La mise en œuvre du projet à l’heure actuelle est très peu probable. Il a entre temps trouvé sa place dans l’Histoire de l’architecture, et il y restera probablement, une source d’inspiration pour les générations futures dans les archives des bâtiments qui n'ont jamais été construits.

La Germania d’Hitler (Allemagne)

Nous avons déjà parlé de bâtiments monumentaux, dont la plupart sont motivés politiquement. Cependant, le projet Germania les dépasse tous. Le régime national-socialiste a vu bien plus grand qu'un simple bâtiment administratif monumental. Ce projet mégalomane était pensé de façon à concerner une ville entière, en l'occurrence, Berlin, pour la transformer en capitale monumentale du Troisième Reich.

Adolf Hitler voulait changer radicalement la ville de Berlin, y ajouter d'innombrables monuments et même son propre quartier de gouvernement. Des rues très larges devaient relier le siège du gouvernement à de nouveau sites impressionnants. Outre un arc de triomphe inégalable, un stade complètement surdimensionné, la Volkshalle et une grande place étaient également prévus. Le point commun de ces bâtiments est évident, ils devaient être les plus grands de ce type au monde.

L’objectif principal était évidemment de faire de tout cela une démonstration de puissance et de grandeur, un symbole de supériorité du régime nazi. Après le prétendu déclin de la nation à la suite de la Première Guerre mondiale, il était question de marquer le début d'une nouvelle ère de l'histoire allemande. Aujourd'hui, nous le savons, cette nouvelle ère est heureusement arrivée à son terme au bout d'un peu plus d’une décennie.

Certaines parties du projet ont été lancées, mais aucune n'a été entièrement mise en œuvre. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale a éclaté, les travaux qui avaient commencé ont été arrêtés, et les plans de Germania ont été définitivement abandonnés après la fin de la guerre. Berlin a pu conserver son paysage historique.

Même si Germania n’a jamais vu le jour, il s’agit d’un cas d’école du rôle de l’architecture dans les régimes totalitaires. La proximité entre l’idéologie politique et les travaux publics est passé à deux doigts de raser le paysage urbain constitué au cours des siècles, et par là même, de jeter aux oubliettes une grande partie de l’identité et de l’Histoire, d’une ville majeure comme Berlin.

The Illinois (États-Unis)

Beaucoup d’entre vous connaissent probablement ce prochain projet non réalisé. Dans les années 1950, l’architecte Frank Lloyd Wright a présenté son concept « The Illinois ». Son plan ambitieux était de créer le plus haut bâtiment du monde, d’une hauteur d’un mile, soit 1608 mètres, quatre fois plus haut que l’Empire State Building !

Ce gratte-ciel de Chicago devrait dépasser tous les autres bâtiments. C’était plus de cinquante ans avant la construction de la Burj Khalifa, la tour qui culmine sur Dubaï du haut de ses 800 mètres. À l’époque, le projet, précurseur parmi les précurseurs dans la construction de gratte-ciels, tenait lieu de symbole d’une volonté de dépasser les limites de la construction.

The Illinois n’a jamais été mis en œuvre, même si Monsieur Wright était convaincu que c’était possible. En examinant de plus près la structure prévue, on constate que même aujourd’hui, elle ne pourrait pas être construite. Cela s’explique par sa structure acier autoporteuse.

Chicago fait souvent face à des vents forts causant des fluctuations auxquelles le bâtiments ne pouvaient pas résister. Dans ce cas, Monsieur Wright s’est basé sur la stabilité d’une base à trois pieds. Cependant, seule des mesures supplémentaires, un pendule permettant d’absorber les secousses, par exemple, auraient permis de rendre le bâtiment utilisable.

De plus, 76 ascenseurs étaient prévus pour les 528 étages ! L’élancement avec lequel Frank Lloyd Wright avait conçu le building aurait laissé bien peu de place pour installer des escaliers de secours. Le bâtiment ayant été conçu à l’époque d’un engouement majeur pour l’atome, Frank Lloyd Wright a imaginé des ascenseurs externes à énergie nucléaire, qui resteraient fonctionnels en cas d’incendie. Le fait que ce concept daté en est resté à ce stade est-il vraiment à déplorer ?

Conclusion : Structures qui n’ont jamais vu le jour

Résumons ce que nous avons vu de cette liste de bâtiments hypothétiques : Comment se fait-il que des projets architecturaux n’ont pas vu le jour, voire étaient carrément impossibles ? Le fait est qu’il n’est pas rare pour la politique de chercher à s’immiscer dans les grands chantiers.

Nous l’avons vu dans notre article consacré à l’hôtel Ryugyong, en Corée du Nord : les politiciens qui décident de la planification et de l’implémentation de grands projets de construction ont souvent des idées différentes et irréalisables. C’est particulièrement dans les régimes totalitaires, comme le Troisième Reich, l’URSS ou la Corée du Nord que les projets monumentaux sont en tête de liste : Comment montrer au monde que je suis le plus grand ? Les conséquences économiques et sociales potentielles passent au second plan. Les idéaux avant la raison, un classique parmi les causes d’échec de projets.

Abstraction faite des considérations politiques, de nombreux bâtiments étaient tout simplement irréalisables. C’est fréquemment un concept pensé par des architectes enthousiastes qui est dans les faits irréalisable. La technologie dans le secteur de la construction progresse en permanence, et pourtant, nous butons toujours sur des limites infranchissables.

Les défis auxquels sont confrontées les différentes générations dans le secteur de la construction changent, et ne diminuent pas forcément. Aujourd'hui, nous pouvons construire des bâtiments plus hauts et plus grands dans différentes parties du monde. Nous avons à nos côtés un logiciel de calcul de structure moderne qui nous évite des calculs manuels fastidieux et donc aussi des erreurs de calcul. Et en même temps, nous sommes responsables vis-à-vis de notre environnement.

Le changement climatique, les crises économiques, la pénurie de logement, mais aussi de nouveaux matériaux de construction, des méthodes de construction redécouvertes et des technologies innovantes, créent de plus en plus de défis alors que nous venons tout juste de relever les précédents. Certaines structures qui auraient été impossibles avant, sont à présent réalisables. Ce qui fait défaut, c’est la motivation pour bâtir ces structures souvent extrêmement symboliques, le financement et surtout la pertinence d’un tel projet.

Ainsi, il nous suffit de nous concentrer sur les projets actuels, et heureusement, ils sont assez nombreux. Prenons les rêves d’architectes des générations précédentes comme sources d’inspiration pour repousser plus loin les limites de l’architecture.

Plutôt qu’un énième monument à la grandeur d’un pays, pourquoi pas un projet utile à la communauté, lié aux autres bâtiments du monde par un aspect essentiel : les personnes qui utiliseront la structure. Apprenons des concepts et des erreurs du passé pour accomplir des espaces de vie réalisables, où il fera bon vivre. Après tout, c’est à cela que les bâtiments servent.


Auteur

En tant que rédigatrice en marketing, Mme Ruthe est chargée de créer des textes créatifs et des en-têtes saisis.



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